Pour une Ecologie de la Musique Vivante

A travers ce manifeste lancé à l’initiative de la musicienne Leïla Martial, un groupe de musicien·ne·s, des artistes, producteur·trice·s et professionnel·le·s du jazz et des musiques improvisées appelle à transformer les usages du secteur en remettant au sein des métiers un engagement politique en faveur de l’écologie et en proposant un nouveau modèle pour le milieu musical, en phase avec les actuels enjeux de durabilité.

Ce manifeste dresse le constat de l’incompatibilité entre le modèle économique actuel du milieu musical (mobilité sans limite, volume de concerts et de productions artistiques, course à la communication, logique compétitive...)  et les nécessaires changements attendus pour répondre aux enjeux écologiques (sobriété énergétique, réduction des émissions de CO2, des déchets…), et les dilemmes que cette prise de conscience crée chez ses acteurs.

Face à ce constat, le manifeste exhorte à un changement de paradigme et à l’écriture de nouveaux récits pour rendre les carrières musicales compatibles avec les injonctions écologiques :

  • en revalorisant l’action locale et la construction de projets au long cours et de collaboration pérenne au sein d’un territoire

  • en redonnant une approche immersive et de long terme aux déplacements à l’étranger

  • en sortant de l’obsolescence programmée et de la surproduction de créations artistiques

  • en créant une véritable convergence des acteur-rice-s  de la musique autour de ces sujets et la mise en place d’une politique publique pour une écologie de la musique vivante. 

Cet appel est complété par des propositions concrètes à destination de l’ensemble des intervenant-e-s du secteur afin de provoquer ce changement de modèle. En voici une liste non-exhaustive mais emblématique :

1. Pour les artistes

  • Cesser de se déplacer en avion dans les cas de dates isolées à l’étranger : refuser ces propositions si elles ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une tournée de plusieurs dates et d’une période d’immersion ou d’un projet au long cours

  • Proposer des actions corollaires aux dates de spectacle pour permettre davantage de rencontres : temps de partage, performances in situ, rencontres avec les artistes locaux ou encore avec les musicien·ne·s en herbe sous forme d’ateliers

  • Indiquer sur les riders le refus de catering ou repas préparés provenant de l’industrie agroalimentaire. Requérir la provenance de produits locaux et de préférence issus d’une agriculture biologique

  • Acheter son matériel dans les boutiques spécialisées ou sur des sites d’occasion. Privilégier le troc, imaginer toutes sortes d’échanges insolites et créatifs

2. Pour les producteur·ice·s, tourneur·se·s, manager·euse·s et attaché·e·s de presse, journalistes spécialisé·e·s : 

  • Repenser le récit de l’artiste “star” : agenda qui déborde de concerts, jauge toujours plus grande, hôtel 4 étoiles, salaires exponentiels... Revaloriser le statut des artistes engagés et impliqués localement en permettant qu’une part importante de l’activité puisse avoir lieu sur le territoire de résidence

3. Pour les lieux, salles et festivals :

  • Abandonner les clauses d’exclusivité interdisant contractuellement aux artistes de se produire dans la région plusieurs mois avant et après leur événement : se concerter avec d’autres acteurs du territoire pour organiser des tournées éco-responsables

  • Ajouter un onglet co-voiturage pour le public sur son site internet : cela permettra non seulement de réduire les trajets polluants mais aussi de donner à d’autres personnes la possibilité de se déplacer

4. Pour les partenaires qui soutiennent les artistes et le secteur musical :

  • Avoir une attention particulière pour les projets artistiques soucieux de se développer en harmonie avec leur environnement

  • Introduire une souplesse dans les critères d’appréciation des projets afin de favoriser davantage une appréciation qualitative plutôt que quantitative

Pourquoi on aime ?

On aime particulièrement la réflexion systémique proposée autour du modèle économique du secteur, ainsi que l’enjeu soulevé de proposer de nouveaux récits pour accompagner les acteurs dans le changement.

Sources / pour en lire plus

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Le Chant des Colibris